Beat the crap Beat the mellow stuff Beat the odds Beat the evidence Beat the mainstream Beat the flood Beat the word on the street Beat the noise of defeat
Beat the times Beat the city Beat the so-called winner Beat the self-grown loser Beat your fate Beat the current rate Beat the average Beat the common type Beat the hype Beat the village Beat the happy few Beat the well-born Beat the bourgeoisie Beat the labour’s view
Beat the line that’s too easy Beat the song rhyming cheesy Beat the fashion Beat the standards Beat the grade they gave you Beat the past you went through Beat all expectations Beat all and anyone’s expectation Beat the wind against you Beat the heights you once knew
Beat the odds Beat the flood Beat the insiders and outsiders Beat your idea of yourself And beat your idea of the world
It’s gonna take a lifetime It’s gonna take a life’s work Now beat the pavement Beat your soul down to the pavement
Beat your soul deep down to the pavement
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(Tableau : Gustave Courbet – « The man made mad with fear »)
Faut-il cracher ses mots dans une seringue pour piquer au plus vif ? Faut-il s’écrouler nu dans une pissotière, afin d’écrire un seul vers décent ? J’enlève mes mitaines, si tu remballes tes clichés. Je déboutonne la veste, et tu deserres ton virilisme. Si c’est trop propre pour toi, tu n’as qu’à te nettoyer un peu l’esprit. Si tu crois voir en moi un « pédé qui veut se faire péter le c.. », c’est que j’intrigue ta libido manifestement. Ai-je seulement à démentir ? Aucune insécurité identitaire, vestimentaire, ou hétéro-normée, ne m’atteint particulièrement. Je peux donc aussi bien jouer les ambigus cinq minutes, quitte à te rendre encore plus nerveux. Je sais, tu as quatre enfants, tu me l’as déjà dit trois fois. C’est une tendance assez commune aux bons pères de famille noceurs du vendredi soir, sous l’excès d’un mélange whisky-coke : se raccrocher à leur situation, au foyer, aux preuves de réussites individuelles… Tu es peut-être désagréable, mais respectable en somme. J’entends comme un semi-aveu de lourdeur. Je te semi-excuse alors.
Faut-il mitrailler tel un scarface à trois cents mots la minute, pour témoigner d’une quelconque urgence de vivre ? J’apprécie ta syntaxe, et ton ambition lexicale à l’heure où la viande saoule bégaie. Mais si tu pouvais seulement te dépoudrer le nez avant d’ouvrir la bouche. Là tu préfères ? C’est mieux ? Ça sonne moins « Mitaines et Flaubert » ? Épargne-moi la caricature du poseur de comptoir, façon café philo. J’ai sans doute moins lu que toi. Mais pour ce que tu en fais… Et non, je ne vais pas prendre « une autre voix » plus théâtrale, ni te déclamer du Molière ou du Rimbaud. Je ne suis pas comédien, te redis-je pour la 4ème fois. C’est toi qui aurait voulu l’être. Au moins ça t’aurait appris à écouter l’autre, sans lui bouffer toutes ses répliques. Molière sous coke, ça ne me donne encore moins envie que « Les Fleurs du mal » à jeun.
Qu’est-ce que j’aimerais déclamer plutôt ? Juste lire en fait, voire chuchoter. Reed, Cohen, Morrison, Dylan, Curtis… Disons pour te situer la branche littéraire. Pas certain qu’on puisse les asseoir au même cours d’écriture honnêtement. Lou Reed savait que le jour de sa mort, on jouerait « Walk on the wild side » en boucle, et que toi tu reprendrais trois fois des frites… On ne peut pas choquer les bonnes mœurs jusque passé 70 ans. Être étudié à l’université de son vivant, est-ce bien sérieux, lorsqu’on a écrit « Heroin, be the death of me » ?
Faut-il encore du glauque et des bas-fonds, du trash et du fouet, du « bi », du « trans », pour sonner plus réel aujourd’hui, plus autobiographique ? Tu sais, Lou Reed n’a jamais vécu à Berlin. Cohen faisait semblant dans « Dressed rehersal rag », où il surjoue son propre misérabilisme. Morrison enfant, a peut-être aperçu des indiens morts dans un accident de voiture ; quant à recevoir leurs âmes, on soupçonne un brin de mythologie post-traumatique. Dylan s’appelait Zimmerman, et John Lennon ne croit déjà plus en lui en 70 (sur la chanson « God »). Ian Curtis était marié à 18 ans, sa photo de mariage ressemble à celle d’un futur comptable enclin à mener une vie très paisible.
Tu aimes les gens qui savent se « tenir », me répètes-tu encore, pour faire contrepoids à tes relents homophobes et ton obsession des mitaines. Si tu m’avais vu trébucher sur le pavé luisant de la vieille ville l’autre soir… Je n’ai pas su me tenir. Étalage à plat, flegme un peu froissé. Les mitaines, ça protège du froid sans perdre en finesse. Mais surtout ça protège les mains quand on se vautre par terre _ car oui, ça m’arrive aussi, et ça aide derrière à se relever plus vite. Ce je te souhaite d’ailleurs, avant de partir. Tiens-toi mieux, camarade d’un soir. Fais-moi envie.
(Tableau : Egon Schiele – « Portrait of Arthur Roessler »)
The OK version of a song is never satisfying. When you bring the effort in not screwing it up Instead of wanting to have it greater, That’s playing defensive, that’s playing too modest.
Don’t be modest by the way. If you avoid being pretentious In rather playing safe, It’ll always look, feel, or sound a bit restrained.
And the OK version of that song Becomes a revealing feature Of how you live your own life, Scheme your plans, aim the next border, the next chapter, Trying so hard not to fail That you never succeed in the end.
If you deliver that OK version of yourself to the world, Don’t expect any bigger consideration. The world is not a secret talent searcher. For better and often worse, It only pays attention to an edge at the moment, To a movement or idea so undeniable they can’t wait. It only shows interest for greatness and stupidity, Beauty and horror, Naked truth and gross lies.
Oh wait, Let’s be fair, There’s another hook though. Being awkward, special, unusual, unexpected… Yet not in a shy way : See, you can’t just be weird on your own, It has to mean something. And it’s not « OK » It’s not « alright ». It’s you.
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(Painting by Francis Bacon – « Portrait of George Dyer »)
Tu voudrais que cette page en vienne à tourner seule… Et tienne au vent léger d’apprêter son linceul. À peine un courant d’air, aussitôt le rabat, _ Quand c’était juste hier, du pli sur nos ébats.
Tu voudrais que dette passe, au premier chant du deuil. Empreintes à effacer : mieux, retourner la feuille. On priera de se taire, implorant, l’au-delà, Or chemin reste à faire : comment survînt le glas ?
Mémoire insiste, où vision cesse. Aucun repos n’éteint la cendre. Émoi résiste au train qui presse, Un dernier mot, lettre aux cassandres.
Il te siérait de n’être otage ainsi d’un autre cœur ; Et flottant, ce feuillet d’histoire essuie rancœur. À redonner sa chair au flambeau ceint d’éclats, Atteint-il être cher, où lui ne saignait pas ?
Feindrais-tu que cette page oscille en ta main seule, Et vienne à ton regret d’en arracher le seuil… Aimé.e, crois-tu défaire en parenté deux âmes ? Apprends qu’un jet de terre n’a su courber la flamme.
You can’t hurt the pain.
Can’t make the grief suffer the way you do.
Nor cut a lifeless branch on a weak familiar tree,
Regardless of the shades unrolling over you,
From every last year’s leaf the spring will not renew.
You won’t kill what’s dead already,
Loathe what’s cold or vanished,
What no more will shine.
Even when the old flame surrounds you.
You do not heal,
But never grows the fatal wound,
Wishing you’d turn the stroke of fate
In a violent revenging blow.
By then you point the fist
Against your own shadow,
Unveil a clear target
For those of light beliefs,
Who hardly bare their chest,
And let their feelings go.
You look for mind relief,
In the balance we make
Between beauty and dirt.
Not amongst right or wrong,
Justice and crime.
You’re not the lawyer.
Because you feel, more than you judge.
You get to sense, more than you deem.
Then in the final repentence,
Here is the greatest of your deeds ;
If, as a living remembrance,
You are the one she requested
For the ultimate confidence,
Facing an almost departed.
The hand in debt will cure
What itself had branded.
And you will know the touch,
As you will know your pain,
But then also the prints
From a brotherly chain.
This major human link
Was never born in vain.
So you will have to lend
Your own uncertain hand,
All over bitterness,
Absence and loneliness.
Wide open for a mate
Not to a broken fate,
Not to a shred of history,
Nor a fallen memory.
Not to a leaving rest of life.
For you cannot hurt the pain.
She’ll lift you anyway.
Au fond j’ai souvent fréquenté ces gens
Qui dans la vie me préféraient perdant.
Soit qu’on ne voulait me promettre à mieux,
Ou qu’on me vît peut-être égal en cieux.
Et j’échouerais d’autant plus à ma gloire,
En prenant goût d’ainsi leur en vouloir.
À ces yeux qui d’un clin vous reconnaissent,
On tait que notre ambition si tôt baisse.
Alors en devient tel un poids gênant,
Ce faire aveu d’insuccès dominant ;
Sinon le fruit d’un élan réciproque,
Autant se dire à bien mauvaise époque.
Il n’est pourtant la moindre indignité
À fuir au chant de sa pérennité.
Entretiendrais-je un fond de complaisance,
On m’ancre à ce sillon depuis naissance.
En coin, j’ai d’abord attiré ceux-là,
Qui de mes illusions prônaient le glas.
M’identifiant comme un voisin d’échec,
Ou pressentant mon futur intrinsèque.
Et j’aurais beau déplaire aux préjugés,
Croire un augure exempt de messagers,
Si d’aucuns me projettent à fins réduites,
Ai-je autre instinct que loin d’eux trouver fuite ?
En soi je n’ai reconnu mon pendant,
Qu’en ces regards où j’avançais perdant.
Et m’en tiendrais seul attitré coupable,
Aurait-on su m’épargner tant de fables…
Une est tenace à croire honorifique,
Un statut d’infortuné « magnifique ».
En l’idéal on voudrait son bonheur,
Aime à vrai dire en lui ce ton mineur.
Et l’âge imprègne une authenticité
Creusant l’épreuve à terme en société.
Déjà que n’est plus temps d’une autre chance,
Aigrit de n’avoir eu première audience.
Au plus on bat contre emprise extérieure,
Et moins nous promet-elle à vie meilleure.
En équilibre on tient d’être à ce pas :
Ni résister, ni suivre, acter son cas.
Irais-je en tort à fréquenter ces gens,
Qui volontiers me préfèrent en perdant ?
Le choix s’impose, au demeurant succinct :
Trahison de nos proches ou d’un dessein.
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