(Être) une page sans fin

Edward-hopper_compartimentC

Tu voudrais que cette page en vienne à tourner seule…
Et tienne au vent léger d’apprêter son linceul.
À peine un courant d’air, aussitôt le rabat,
_ Quand c’était juste hier, du pli sur nos ébats.

Tu voudrais que dette passe, au premier chant du deuil.
Empreintes à effacer : mieux, retourner la feuille.
On priera de se taire, implorant, l’au-delà,
Or chemin reste à faire : comment survînt le glas ?

Mémoire insiste, où vision cesse.
Aucun repos n’éteint la cendre.
Émoi résiste au train qui presse,
Un dernier mot, lettre aux cassandres.

Il te siérait de n’être otage ainsi d’un autre cœur ;
Et flottant, ce feuillet d’histoire essuie rancœur.
À redonner sa chair au flambeau ceint d’éclats,
Atteint-il être cher, où lui ne saignait pas ?

Feindrais-tu que cette page oscille en ta main seule,
Et vienne à ton regret d’en arracher le seuil…
Aimé.e, crois-tu défaire en parenté deux âmes ?
Apprends qu’un jet de terre n’a su courber la flamme.

(Tableau : Edward Hopper – « Compartiment C, Voiture 293 »)