L’absence au demeurant

New-york-movie_moma

Encore une fois sorti dernier.
Déjà nous n’étions pas nombreux,
Sept occupants disséminés,
Trois couples et moi, solo d’entre eux.

Bientôt la fin du générique,
Un fond de Jean-Sébastien Bach.
Or rien ne me presse au portique,
Ainsi j’attends le noir opaque…

Au sein du hall, un plan désert.
En raison, la durée du film :
Un peu long ce documentaire,
Et plus le moindre cinéphile…

Aussi je reprends le couloir,
Afin d’accéder aux toilettes.
En l’écran cintré du miroir,
Y crois-je observer un squelette…

Idée me vient donc à l’esprit,
Qu’en traînant dix minutes encore,
À dépasser bientôt minuit,
Céans je pourrais faire le mort.

Au su de l’employé restant,
Paraîtrait que la salle est vide…
Alors absence au demeurant,
Cette occasion me rend avide.

Puisqu’on me laisse errer, fantôme,
Je prends le temps d’être oublié.
Comme un clochard élit royaume
À flanc de cartons empilés.

Ceux qui m’attendent au coin dehors,
Ombres du soir, autres égarés,
M’accorderont la métaphore,
Et l’illusion d’une échappée.

(Tableau : Edward Hopper – « New York Movie »)