Dors maintenant… demain est un autre monde.

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(Suggestion pour une lecture en musique : Lubomyr Melnyk – Parasol (erased tapes))

Là soudain, j’ai senti une forte envie de bâiller, avec la plus grande largeur de mâchoire possible, comme un prémisse d’hibernation imminente, rendue nécessaire. Ce qui était plutôt malvenu en plein bar, entouré de visages familiers : au delà du regard extérieur, il y avait surtout très peu de chances qu’on me laisse creuser un igloo à même le comptoir, sans rouvrir boutique d’ici l’arrivée du printemps… Hier soir pourtant, j’en étais encore à faire le zouave dans une boîte de nuit improbable, au son d’un mix techno-zouk d’une platitude indigne _ sachant bien que la plaisanterie heureusement, même par effet de groupe, ne dépasserait pas « une bière et au lit ». Et avant-hier, je me laissais attarder pour la énième fois en after à rideau baissé, surpris de garder autant d’humour et de bonhomie à cette période, avec si peu de vitamine D dans le sang. Toute cette bienveillance, ce petit sourire non feint à chaque paire de bises, on aurait vraiment dit que j’en rajoutais. Oui, soit ce type est amoureux, ou en grande réussite professionnelle ; soit il cache un cancer tout juste diagnostiqué, et surjoue pour ne rien laisser paraître…

En fait, aucun des trois. Je me sens juste pris dans un courant anthropologique d’une force inédite, qui m’entraîne à tenir droit et confiant, positif au delà des évidences. Mon environnement citadin charrie déjà tellement de spleen et de pessimisme ambiant, à quoi bon en « remettre une couche » en étalant mes cauchemars de la nuit dernière, ou ma technique d’apnée sous le seuil de pauvreté, par exemple… Le flegme est de rigueur donc : cachons cette mauvaise humeur passagère, évitons le moindre constat d’échec qui n’aurait pas l’excuse d’une pointe de cynisme. Non que ça me coûte un effort comportemental surhumain ; je pense qu’en cas d’artère sectionnée, j’aurais quand même tendance à manifester une vibrante détresse existentielle, par un masque d’angoisse à faire passer Le Cri de Munch pour un tableau d’hystérie infantile. Le stoïcisme, c’est quand même plus facile à pratiquer sans handicap et en relative bonne santé.

Au fond, c’est très simple de sentir comment être et agir, quand tout porte à croire que « ça va mal », des actualités du monde aux nouvelles des proches. On peut toujours protester, se dire que la nature (humaine) n’a pas fait de cadeau en distribuant les rôles ; n’empêche que cette clarté du destin, quand elle commence à poindre, vous soulagerait presque. Oui, certains auront tendance à geindre, à vouloir massacrer la terre entière, quand d’autres retiennent la porte sans la laisser se rabattre trop vite. Certains cherchent protection et confidence, d’autres l’offrent et la reçoivent. Certains vont tirer à eux toute la nappe du salon en tombant ivre mort à la fin du repas ; d’autres ramassent, relativisent, et rentrent à pied sans appli GPS.

Il ne s’agit pas seulement d’un rapport de dominants à suiveurs, de bergers à brebis… Je le vois plutôt comme si l’air du temps m’avait greffé une mère juive sur le dos, bien malgré moi. Par refoulement du désir de paternité peut-être, comble d’ironie évolutive… Reste un syndrome plutôt ingrat au quotidien, très peu raccord avec l’époque en matière de « coolitude » citadine. Attraper des réflexes de mère juive, ou traîner un zèle de savoir-vivre hérité d’une éducation pastorale, franchement on s’en passerait bien. Surtout quand l’envie de dire ses quatre vérités à son interlocuteur devient pressante : « mais non, tu n’es pas un pauvre type déconnecté du réel, qui compense son dégoût de lui-même par la haine du genre féminin et le mépris de l’étranger ; tu es juste fragilisé, précarisé, il te faut un environnement qui démente tes présomptions, avec de la bienveillance et du réconfort… ». Les quatre vérités, c’est comme les quatre cavaliers de l’apocalypse, il vaut mieux les voir avancer au pas, que rappliquer au galop. Une petite pique suivie d’une tape dans le dos, ça ne suffit pas toujours certes, mais on fait moins de dégâts à long terme qu’en sortant directement le lance-flammes.

Seulement ça use à la longue, de toujours prendre des pincettes d’empathie, quand les haters eux, ne jurent que par la culture du clash. Ça fatigue, tous ces scrupules dont on n’arrive pas à se défaire, ses lignes jaunes infranchissables qu’on voit pourtant piétinées autour de soi. Alors un simple bâillement tire la sonnette d’alarme. Je sens que je dois m’éclipser rapidement, sans amertume, ni ras-le-bol, juste par pudeur et précaution. Je n’ai aucune envie de découvrir en public de quel « craquage nerveux » je pourrais être capable ces jours-ci. On pense se connaître, mais nos repères émotionnels, affectifs, changent à une telle vitesse désormais. Ce groupe de personnes me correspond, ce bar me convient, puis tous les six mois pourtant il faut recommencer ; l’effet de bande a disparu, la magie du lieu s’évapore. Et ce n’est pas du romantisme, juste la dynamique du capitalisme moderne qui fixe son propre tempo. Il faudrait vraiment être naïf, ou très nostalgique, pour voir encore un « esprit bohème » là-dessous.

Je remonte à présent le boulevard qui me dirige habituellement vers mon dernier verre, un kilomètre et demi plus loin. Sur le chemin, impossible d’arrêter de bâiller décidément. Même en marche accélérée, sorti de sa torpeur, mon corps exige cette convulsion libératoire. Au point que je me demande si on ne m’aurait pas drogué au passage, car une heure plus tôt je me sentais encore parfaitement vif d’esprit. Peut-être simplement que ce soir je ne trouve plus rien à prouver, au moins temporairement. Rien à chercher qui ne puisse vraiment attendre le lendemain. Aucune muse ou nouvelle rencontre à l’horizon, j’arrive et repars seul, comme très souvent. Alors autant suivre mon propre conseil en l’occasion : sauver la flamme pour un autre jour. Kurt Cobain avait beau citer Neil Young en professant qu’il vaut mieux se consumer d’un coup, plutôt que disparaître à petits feux (« It’s better to burn out than to fade away« ), le burn-out en tant que paradigme sociétal, ce n’est pas franchement une bonne proposition ; on voit d’ailleurs le résultat vingt ans plus tard…

Et puis il y a encore tout l’appartement à remettre en ordre, les recoins à nettoyer, avec ce vide du féminin qui s’installe petit à petit. La pièce paraît tellement plus haute non meublée, on oublie trop vite comment c’était à l’entrée des lieux. Allez, coupe ce smartphone maintenant, tu en sais déjà assez pour toute une vie. C’est toujours la même erreur : on rafraîchit son fil d’actualités, et une nouvelle catastrophe arrive. Un énième attentat, un autre chanteur disparu, un nouveau désastre électoral, une nouvelle tragédie géopolitique… Tu ne changeras rien de plus au cours de l’humanité aujourd’hui. C’est pour ça que je te disais d’en garder un peu en réserve, les prochains hivers pourraient bien être pires. Mais on en sortira, oui. L’homme s’en sort toujours. Nos contrées découvrent seulement le concept de paix durable après quelques millénaires guerriers, c’est normal que ça fiche encore la trouille à un paquet d’esprits plus ou moins rétrogrades. Comme une proposition de Pacs ou de mariage, forcément tu penses d’abord à fuir avant de te dire « Et pourquoi pas ? », c’est tellement humain.
Evidemment, on aurait préféré tomber sur une époque plus proche du bout du tunnel, au lieu de naître à son début. Pour des natifs du siècle dernier, l’horizon ne se débouchera peut-être qu’en fin de parcours, voire bien après hélas. Et on n’aura pas plus le droit de se lamenter qu’un sans-abri londonien sous le Blitzkrieg, en hiver 41. Juste le droit de tenir pour préserver le moins pire. Le droit de s’écrouler seul ce soir dans un grand lit de fortune, sans pétard, ni somnifères. Mais on apprend à tenir bon, crois-moi. Dès la naissance on n’apprend que ça en vérité. Allez, dors maintenant. Demain est un autre monde.

On n’en serait pas là si Ian Curtis avait étudié le Droit…

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(Unknown credit / suggestion pour une lecture en musique : MogwaïMusic for a forgotten future)

Après deux tentatives avortées, je m’imagine enfin garder mon laptop ouvert plus de cinq minutes sans le moindre dérangement. L’étage du bar est plutôt calme et propice au travail solitaire d’habitude, mais à moins de sortir grimé de la tête au pieds, on risque toujours d’établir une reconnaissance faciale avec d’autres clients. Autant changer de crémerie à licence IV, me dis-je à contre-coeur, l’anonymat n’est plus très frais ici.
Faire mine ou acte de travailler le soir dans un café, attire également une quantité de curieux. Ainsi deux nouvelles personnes m’interrompent, d’abord pour demander si les chaises qui jouxtent la mienne sont encore libres. Afin de les joindre à une autre table je suppose, donc je leur signifie mon acquiescement, d’un ton presque routinier. Mais au contraire, les voilà qui s’assoient juste aux abords, signant une intrusion caractérisée en plein dans ma bulle de concentration. Une pointe de malaise s’installe, et après un silence, le jeune homme de ce que je présume être un couple, ajoute à mon endroit : « si cela ne vous dérange pas bien sûr… ». Je marmonne une réplique évasive, à peine cordiale. Passe une trentaine de secondes, puis la jeune femme m’interroge, assez enjouée : « Vous écrivez ? Vous travaillez ? ». Cette fois je réponds plus sèchement : « si vous me posez autant de questions, ça risque effectivement de me déranger ». Un autre emplacement non loin se libère entretemps, aussi j’amorce un début d’exode, ma sacoche dans une main, l’ordinateur encore entrouvert dans l’autre.

_ « Non, non, mais ne bougez pas, c’est nous qui nous sommes imposés… Vous êtes universitaire ? Prof d’université ? », demande le garçon.
_ « Je ne suis pas sûr de bien le prendre… », dis-je avec un demi-sourire.
_ Ah ? Pour moi ce n’est pas péjoratif… Etudiant alors ?
Un rictus de désolement suffit à contredire sa supposition. En attendant je reste en équilibre instable, avec mes affaires à bout de bras, toujours sur le départ.
_ Il reste une troisième option, réfléchissez : si je ne suis ni prof de lettres, ni étudiant, que puis-je bien être ?
_ Quoi donc ?
Mon visage se décrispe enfin, amusé. Comme s’il s’agissait d’une pure évidence, je réponds alors :
_ Ecrivain maudit…

Ce genre de pirouette complaisante ne mériterait pas plus qu’un fond de Chardonnay, mais puisqu’on entame la conversation, le type insiste pour me payer un verre, et il redescends au comptoir afin de passer commande. Cinq minutes en aparté avec son amie me confirment qu’elle est bien plus réceptive et curieuse ; puis une deuxième évidence en lien direct apparaît : ces deux-là ne sortent pas ensemble. Lui aimerait beaucoup visiblement, elle, pas du tout. Sauf qu’il ne se laisse pas facilement décourager, m’explique-t-elle sans réserve.
Le voilà qui revient d’ailleurs, bredouille, la fin de service me privant d’un dernier verre offert ; ce qui est plutôt contrariant, alors que notre petit ménage à trois commence à prendre forme. Après rapide concertation, on me propose donc deux afters possibles, comme le résume « monsieur » :
_ Tu préfères vin blanc chez moi, ou vin rouge chez elle ?
_ Je préfère vin blanc chez elle…

Va pour du vin rouge donc. Evidemment, c’est un choix éthylique souvent désastreux passé une certaine heure et l’absence d’une meilleure option. Il est rarissime qu’on vous propose une bouteille à plus de trois euros cinquante, agrémentée d’un quelconque aliment solide. Mais à trancher entre deux appartements d’étudiants, le choix du féminin s’impose. Question de propreté et d’accueil sans doute. De finesse dans la conversation également. Et parfois aussi, question d’hétérosexualité, bien sûr. En l’occurrence, je n’émets aucune arrière-pensée volage. Non tant par respect du prétendant officiel, qui ruine déjà bien ses propres chances ; mais devant cette femme-enfant légèrement grisée, d’1m58 et 40 kilos, à moins de chercher sa « lolita », je me vois mal envisager autre chose qu’un dernier verre…

Aussi, la proximité géographique ne gâche rien, d’autant que son immeuble côtoie une magnifique place, située dans le vieux centre historique. Nous arrivons donc au bas, et tout en remontant les deux étages, l’hypothèse d’une mauvaise inspiration noctambule m’effleure quand même l’esprit : de fait, a-t-on seulement quelque chose à se dire en dehors d’un bar ? J’apprends qu’ils sont étudiants en droit, 3ème année, tous deux issus de bonne famille ; il se peut qu’un léger gouffre socio-culturel se fasse sentir…
Trop tard ; le vin est débouché, dans un salon plutôt impersonnel, faiblement tamisé, pauvre en indicateurs culturels. L’autre bonhomme, lui, se voit confier la responsabilité du fond musical. Une sorte de muzak digne d’un mauvais clip promotionnel jaillit bientôt du laptop, et passé trente secondes d’effarement, je décide d’intervenir : « Euh, je vais m’occuper moi-même de la play-list, si ça ne vous embête pas… ». In Youtubo veritas : à mon grand soulagement, il semble que mon hôte féminine n’aurait rien contre écouter un peu de Dylan, parmi plusieurs références « boulevard » que je viens de mentionner. Une entente cordiale est donc possible. Mon choix se porte sur Blood on the tracks, un album maintes fois écouté ; seulement je ne trouve que des versions alternatives, ou live. Enfin peu importe, c’est juste un moyen de faire connaissance. D’autant mieux que l’autre convive s’est éclipsé entretemps. Je l’imagine aux toilettes, ou en train de passer un appel dans le couloir ; en fait il a renoncé de lui-même, sans fâcherie, ni l’ombre d’une épitaphe spirituelle. Et je m’en veux un court instant, mais j’avoue qu’un tel rabaissement de soi en plein enjeu sentimental, ça ne court pas les rues.

De Dylan, nous passons ensuite à Joy division. Comme beaucoup d’autres ados parmi sa génération, elle a découvert la musique et le personnage de Ian Curtis à travers Control, le film d’Anton Corbijn. L’histoire du chanteur suicidé en 1980 aux prémisses de sa gloire laisse rarement indemne. Dès lors notre conversation vire à l’intime, et toute platitude verbale paraît désormais exclue. La faute à ces maudits archanges du rock, les Cobain, Curtis, Buckley…, véritables aimants à jeune chair sensible, tiraillée par la perspective d’une vie adulte. Au royaume des vilains petits canards, à n’en pas douter, la demoiselle était rentrée sans même frapper…
Quitte à rouvrir les placards de l’adolescence, elle plonge alors dans le sien pour y dénicher une de ses reliques « joy divisionesques » les plus chères. Une sorte de pyjama, floqué du célèbre visuel créé par Peter Saville pour la pochette d’Unknown pleasures, le premier Lp du groupe. La voilà brandissant le vêtement sous mon nez, toute guillerette, et je consens malgré-moi au rictus approbateur espéré. Puis elle range le vêtement, et d’un tiroir sort une pile de dessins cette fois, qu’elle me montre, toute aussi exaltée. Je l’interroge : « C’est toi qui les a faits ? ». Ce sont plusieurs déclinaisons autour du même thème, la sempiternelle image de cette forme d’onde désormais cultissimme, ayant inspiré jusqu’aux designers H&M… Peu original certes, mais je complimente le trait du crayonnage, assez admirable, et visiblement obsessionnel. « Tu es douée… ». « Si tu veux en emporter avec toi, n’hésite pas, moi je n’en ferai rien… », réagit-elle.

Je devine la faille à présent, et la laisse s’y engouffrer. On ne propose pas ses dessins de chevet à un parfait inconnu. Et on ne devrait pas livrer son « j’aurais voulu être artiste » à n’importe qui. Mais vu l’heure et le faible restant de vin rouge, autant creuser le sillon, sur la même longueur d’ondes sensitives. Je découvre sans étonnement, à quel point ses études de droit la découragent, et combien elle supporte mal le milieu étudiant qui l’entoure. Vu le rare spécimen de promo à lui courir après _ ce garçon, qui depuis son départ la harcèle d’un texto toutes les cinq minutes _ il y a de quoi revoir son choix universitaire en effet. « Mais ça rassure mes parents, tu comprends… ». L’atavisme familial ne laissait guère d’autre option. Et puis rassurer les proches tout en suffocant de l’intérieur, au fond c’est une tendance petite-bourgeoise des plus communes.
Souvent le parcours scolaire est identique d’ailleurs : le collège met fin aux premières illusions, puis à contrario, le lycée exacerbe les dernières _ comme une lubie artistique par exemple, qu’il faudra sans doute planquer pour le restant d’une vie menée « à défaut ». Ajoutez une santé précaire, un mal-être persistant, et voilà ce bout de jeune femme désormais blotti à mes côtés, m’agrippant la main gauche avec les siennes, comme pour mieux solenniser chaque confidence. « S’il n’y avait pas mes parents, ça fait longtemps que je me serais suicidée… ». Dans la bouche d’une gamine de 16 ans, on pourrait soupçonner une pointe d’hystérie morbide, heureusement passagère ; mais venant d’une adulte de 21-22 ans, la faille semble plus profonde.

Je choisis donc une autre approche, nettement plus frontale, puisque tous mes arguments se heurtent à son fatalisme :

_ Alors laisse-moi te poser cette question : suppose que toute ta famille meure dans un accident d’avion… serais-tu prête à vivre enfin pour toi-même ?
_ Attends, et mes grand-parents, mes oncles et tantes, mes cousins… ils meurent aussi ?
_ Tous. Désolé chérie, mais ils sont tous morts… Alors, serais-tu prête à vivre seulement pour toi ? Même pour décider de mourir justement, de refuser cette existence… Dans tous les cas, ce sera ton choix. Pas celui d’une famille, d’un milieu, d’une époque…

Je ne me souviens pas avoir entendu, ni escompté une réponse, et je n’ai pas insisté. Il est temps de m’extraire du confessionnal en forme de sofa, dans lequel je me suis trop alangui. Miss joy division se lève dans moins de cinq heures de toute façon. Et le miroir des toilettes me conforte dans l’urgence du départ : j’ai la figure envinassée d’un type louche, qui aurait épongé trop de noirceur humaine encore. Cela n’empêche pas la fille de m’ouvrir grand ses bras en guise d’adieu ; elle quitte la ville dans moins de dix jours, son semestre est fini, nous ne nous reverrons pas. Comme j’ai l’impression d’être immense soudain, et terriblement plus âgé, on dirait un grand patriarche décrépit…
Finalement je n’emporte aucun dessin, soulagé qu’elle ne m’ait pas réitéré la proposition d’ailleurs. Quelques gouttes de pluie m’escortent au retour ; je cogite peu et presse le pas, sans croiser personne. Une seule idée absurde me vient à l’esprit ; je me dis que mes nuits seraient moins blanches tout de même, si Kurt Cobain avait fait médecine par exemple, et si on avait mis Ian Curtis en école de droit, peut-être… « Law » will tear us apart, ça sonnerait moins bien évidemment.