Détester son prochain (pour qu’advienne le suivant)

851c6ab27e816d520a0c1364658518b3(1)

Détester son prochain, comme on tend au suivant,
Sans porter le regret de n’être issu d’avant.
On fait sien le progrès, à n’envisager mieux
Pour supporter l’instant, qu’un futur audacieux.

Ne voir rien à sauver contient le bienfaiteur.
J’étais si scrupuleux, j’aurais cerclé l’erreur…
À trouver circonstances, on met frein au dépit.
Détrônée, l’indulgence, a fait place au mépris.

J’avais saisi prétexte en l’inadéquation :
Que s’apprête à mon sort un pli de vocation.
Mais l’obligeant s’affecte à vouer sympathie ;
Comment tenir la porte et ne perdre empathie…

Détester son prochain, pour qu’advienne un suivant.
L’horizon n’est certain du nouvel arrivant…
Je laisse un temps surseoir l’appel du lendemain,
Quand l’intrusion d’un soir, ici me tend la main.

Mais si tôt je mesure l’inanité des sens,
Ô combien éphémère, l’expédient à l’absence…
Unique en son recoin, l’altérité prend norme.
On la veut contrepoint, son milieu la conforme
.
Faut-il oser alors en dernier entendement,
Détester son prochain, sacrifier au suivant
Le droit de naître enfin, l’ouvrage d’être vivant.

Faut-il oser alors, en dernier sacrement,
Eu égard à l’humain, le transcender à temps… ?